Premier contact avec le BDSM: Fil de questions

******ins Femme
22 807 Contribution
Auteurs de sujet JOY-Team 
Premier contact avec le BDSM: Fil de questions
Dans ce fil de discussion, nous souhaitons donner aux membres intéressés la possibilité de poser leurs questions concernant leurs premiers pas dans ce monde aux multiples facettes et à la couleur sombre et fascinante.

Tu n'es pas sûr.e que le BDSM soit quelque chose pour toi?

Tu es inquiet.e de savoir si c'est "normal" ?

tu te sens dominant.e ou soumis.e et ne sais pas comment y faire face ?

Tu veux faire tes premiers pas mais ne sais pas par où commencer ?

Tu as besoin de conseils sur comment procéder avec ton ou ta partenaire ?



Tu as ici la possibilité de demander des conseils à la communauté et de partager tes premières expériences.

Nous nous réjouissons de vos contributions.

SevenSins
*********self Homme
99 Contribution
Quand on débute on ne sait pas forcément quelles questions on devrait se poser, alors je me permets de répondre moi-même à mes propres interrogations quand je débutais: je suis un homme et je voulais "dominer" une femme. Qu'est-ce que ça veut dire, comment je m'y prends, par où je commence?

1. La tentation est grande de contacter une femme qui s'affirme comme soumise et de lui écrire un message autoritaire: "Je suis ton maître, obéis-moi, je veux que tu fasses-ci, et ça pour moi." dans l'espoir de la faire entrer dans son rôle de soumise.
2. La tentation est grande de mentir sur son expérience, de prétendre savoir faire des liens complexes en shibari, de savoir se servir d'un fouet long... Après tout une débutante sera plus en confiance avec un homme expérimenté et une femme expérimentée trouvera ce qui lui convient là aussi chez un homme expérimenté.
3. La tentation est grande de se présenter à un munch (une table) de pratiquants, de rouler des méchaniques et d'être excessivement agressif pour se distinguer comme le mâle alpha.

Ce sont trois erreurs.

1. Etre un bébé capricieux et égocentrique ce n'est pas être dominant, surtout quand le consentement n'a pas été obtenu. Le premier rapport doit être d'égal à égal.
2. Assumer ce que l'on est et garantir une confiance bilatérale sont des prérequis. Certes, débuter n'est pas facile, mais pas insurmontable.
3. Etre agressif est un comportement de faible. Les gros chiens ne sont-ils pas plus paisibles et plus imposants que les petits roquets?

Alors comment commencer?

Avant d'entrer dans des considérations de langage corporel, de posture, de travail de la voix ou de jeux mentaux, qui sont à mon sens plutôt des détails, commençons par la base:

---------- une femme soumise attend d'un dominant qu'il soit un homme, pas un garçon. ----------

Mécaniquement, si l'homme se comporte de façon infantile, sa partenaire sera projetée dans le role de mère qui, si elle aime la soumission, est précisément le rôle qu'elle ne veut pas avoir.
• Ca veut dire qu'il doit être indépendant, qu'il sait mener sa barque, prendre soin de lui-même, diriger sa carrière, prendre des décisions.
• C'est quelqu'un qui est sûr de lui, confortable avec ses imperfections et qui les assume.
• Le dominant a le contrôle de ses émotions, il est mature, il est capable de désamorcer une bagarre par un trait d'esprit sans se laisser emporter dans une dispute de qui a le plus gros zizi et il sait ce qui vaut la peine d'être défendu et ce qui n'en vaut pas la peine.
• Il est capable de motiver, convaincre et d'entraîner un groupe en organisant des choses, en prenant le risque que ce qu'il fait ne marche pas, d'être moteur de la communauté. Il a du leadership.
• Il est protecteur de sa sub en toute circonstance, surtout lorsqu'elle est vulnérable par exemple en soirée et il éduque plus qu'il n'agresse, car l'agression met sa compagne en danger.
• Il n'est pas l'esclave de son désir, il en a le contrôle. Ce n'est plus un adolescent. Il est capable de savourer la montée du désir chez sa partenaire, il connaît le corps de la femme et aurait la force de caractère de se priver lui-même de plaisir s'il le voulait et si la situation le demande.
• il assume ses erreurs et a le courage de s'excuser lorsque c'est nécessaire

Cela peut paraître élémentaire, du bon sens, mais quiconque coche toutes ces cases se démarque déjà considérablement du lot.

Ce qui est plus propre à la scène BDSM, c'est :
• Le dominant sait ce qu'il souhaite obtenir de sa sub, affirme ouvertement ses désirs a priori pervers sans avoir peur d'être jugé.
• le dominant a toujours un plan à proposer ou à imposer, pas forcément élaboré d'ailleurs. Il sait mobiliser, convaincre et rassurer ou imposer sa volonté tranquillement.
• le dominant est cohérent et consistant. Une même erreur conduit à une même correction. L'arbitraire tue sa crédibilité et son autorité. S'il punit sa sub pour son plaisir (funishment) il l'annonce comme tel et ne lui fait pas croire qu'il a quelque chose à lui reprocher.
• le dominant ne se laisse pas manipuler ou amadouer par sa sub. Il doit savoir distinguer ce qui est une vraie limite à ne pas dépasser d'une tentative de le faire tourner en bourrique (si la sub est espiègle).
• le dominant ne fera pas marche arrière de peur d'emmener sa sub là où eux-deux veulent aller (arrêter le martinet au premier gémissement alors que la sub souhaite se dépasser, mais ça, ça s'apprend avec l'expérience)
• le dominant est quelqu'un qui crée un espace sécurisé autour de lui. La sub sait avec une absolue certitude qu'elle ne sera pas intrinsèquement jugée, même s'il s'agit de jeux d'humiliation, qu'elle ne sera pas blessée, même s'il s'agit de jeux violents, qu'elle ne sera pas abusée, même s'il s'agit de perte totale de contrôle. Le corollaire est que le dominant doit connaître ses propres limites et activement rechercher celles de sa sub pour ne pas les dépasser.

Ok et comment on commence?

Pour rencontrer une sub, le mieux c'est de rejoindre un munch (congrégation, table, réunion... que l'on pourra trouver de nouveau dans la section "Rencontres et événements" dès que la pandémie sera passée) de gens qui ont le même centre d'intérêt et de sympathiser sur la base d'une entente réelle et non par personnages interposés. Je recommande de rencontrer des gens des deux sexes même si on n'est attiré que par un. Ma toute première session SM était avec un couple et je m'étais lié d'amitié avec un gars qui a organisé une session pour que je domine et maltraite sa copine.
On peut rejoindre des ateliers pour apprendre les techniques (il y a des ateliers pour tout: shibari, aiguilles, sexe brutal...) sympathiser et se constituer un groupe d'amis qui eux-même ont des amis qui... que... Il est beaucoup plus facile de demander à une amie pratiquante si on peut l'attacher avec des cordes alors qu'on n'a aucune expérience que de demander à une personne lambda. Il ne faut pas avoir peur de se faire parrainer. Le parrain a vraisemblablement des amies qui cherchent un dominant et c'est rassurant pour la sub.

Enfin, organiser sa première session n'est pas forcément évident, mais il n'y a pas de template qui marche dans tous les cas. Chacun est différent. Tu peux poster ce que tu cherches à faire et on te donnera des idées.

J'espère avoir un peu dissipé la nébuleuse de la MaleDom.
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