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Les origines du bondage

A la source du plaisir de la restriction

Quelles sont les origines du bondage ? Qu'est-ce qui explique qu'on puisse être attiré.e par ce type de pratiques ?
Découvrez les réponses à ces questions dans cet article rédigé par la psychanalyste Ines Perrot

Qu'est-ce que le bondage ?

Le bondage est une pratique sexuelle sadomasochiste dans laquelle l'un des partenaires est attaché ou se fait attacher par l'autre.

Il y a bien sûr l'usage des cordes permettant de ligoter l'autre (dans le shibari/kinbaku ainsi que dans l'american bondage) mais est également compris par le terme bondage toutes sortes de moyens de contraintes, comme les sacs d'enfermement ou de suspension, les combinaisons en latex, camisoles, le sac gonflable en latex, le vacuum bed, mais également les corsets, minerves ou tout autre moyen de contention. En clair, cela va comprendre tout ce qui va immobiliser la personne, peu importe le moyen.

En anglais, cette notion existe depuis les années 1300 et a évolué du latin médiéval "bondagium" qui désignait la condition d'esclave et de "bonda", qui désignait un gérant ou un chef de famille, à celui de "bond" pour un serf ou le fermier travaillant pour un seigneur.

Fait intéressant, le sens sexuel et sadomasochiste fut enregistré en 1963 dans une loi new-yorkaise visant à interdire les publications faisant mention de ce type d'actes.

Le Bondage dans les langues française et anglaise

Dans la langue anglais, comme dans la traduction française, il est intéressant de noter que nous utilisons le même mot pour désigner une connexion entre des individus et un noeud fait avec une corde : lien.
To bond : lier
Cela sous-entend le pouvoir créateur de cette acte et rejoue la notion d'attachement, qu'il soit amoureux, amical ou peut-être même plus précoce, comme celui qui unie la mère avec son bébé.

Nous sommes donc en droit de penser ici que tout ce qui a trait à la restriction des mouvements et à l'attache de manière générale permettrait de faciliter et renforcer les relations entre les individus et créer davantage d'intimité.

Il s'agit d'ailleurs d'une déclaration souvent entendue dans les témoignages de pratiquants du BDSM, évoquant un niveau d'intensité bien supérieur dans les échanges incluant des actes de bondage à tout autre type de relations.
Cela viendrait également d'un certain lâcher-prise de la part de l'attaché qui s'ouvrirait plus facilement au dominant.

Les origines du bondage
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Comment le fantasme pour le bondage se développe-t-il ?

Plusieurs auteurs en psychologie et psychanalyse se sont penchés sur la question. Selon Freud, ce sont des images de supplices anciens ainsi que les lectures enfantines qui déclencheraient chez l'homme des fantasmes de bondage. L'auteur évoque les fantasmes survenant dans les premières années de l'enfant lorsqu'il voit ses parents donner la fessée à ses frères et soeurs, ou encore la maîtresse d'école punissant ses petites camarades.

Les origines du bondage

Plus tard, cela s'étoffe lorsque les enfants trouvent de nouvelles stimulations dans la lecture de livres pour la jeunesse, comme ceux de la collection La Bibliothèque Rose, la Case de l'Oncle Tom ou bien plus tard encore, avec la série Fantômette ou les dessins animés.

Bien sûr, les photographies ou dessins illustrant la simple histoire de l'humanité représentent nombres de scènes d'anciennes tortures telles que pratiquées par l'Inquisition ou les techniques de ligotage japonaises issues de l'hojōjutsu. Ce sont ces pratiques inspirées de sombres époques, mais dont la charge érotique transpire, qui ont fini par faire naître les sexualités alternatives codifiées telles que nous les connaissons aujourd'hui.

Les origines du bondage

Les origines du bondage

Alors, que recherche la personne qui se fait attacher ?

Le soumis est finalement plus libre car il se libère de toute contrainte en entrant dans la soumission, en ne choisissant plus. Il n'est donc plus socialement responsable de ce qui se passe. "ce n'est pas ma faute, j'étais attaché."

"L'expérience du subspace fait que de la contrainte du corps naît paradoxalement la liberté de l'esprit."

Dans son ouvrage sur le masochisme, Theodor Reik évoque l'idée que le soumis organise une situation dans laquelle il se trouve obligé d'accepter tout ce que son partenaire veut lui imposer (de manière consentie). Ainsi, il échappe à la culpabilité qu'il pourrait ressentir de s'adonner à ce genre d'actes pulsionnels potentiellement dégradants et qu'il considérerait comme une faute.

Ici, l'impuissance, à la fois réelle et ressentie, lui permet de surmonter l'interdit et de prendre du plaisir sans en assumer la responsabilité, puisque le dominant endosse la faute. Selon l'analyse de Reik, voilà ce qui se passe dans le fantasme du dominé : "Si je suis là à cet instant et dans cette situation, c'est que quelqu'un me désire suffisamment pour vouloir me garder prisonnier auprès de lui."

Cela accroit donc sa confiance en son pouvoir de séduction mais aussi en sa capacité à s'offrir à l'autre. Cela vient alors positivement renforcer l'estime du sujet qui est parfois frappé par un sentiment de honte d'entrer dans ces mises en scène masochistes.

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Dans cette même veine, Magali Croset-Calisto, dans son ouvrage "bondage, Théorie érotique des cordes", considère le plaisir d'être attaché non pas comme une simple pulsion sexuelle, mais aussi en tant que pulsion d'auto-conservation. En effet, en utilisant le regard de l'autre qui, puisqu'il se donne docilement à son envie, lui renvoie une image positive de lui-même, il peut dépasser honte et culpabilité pour accéder à l'extase. Nous parlions plus haut d'intimité mais cela sous-entend également l'importance de l'extimité (le désir de rendre visibles certains aspects de soi jusque-là considérés comme relevant de l'intimité.) et de la dialectique voir/être vu.

Pour Otto Rank, le ligotage constitue un élément essentiel et typique du masochisme, car celui qui cherche à être immobilisé "essaie de rétablir, en partie tout au moins, la situation voluptueuse de l'immobilité intra-utérine" avant le traumatisme de la naissance.

D'après ce psychanalyste, la naissance est un passage extrêmement violent pour le bébé qui sort d'un endroit doux et rassurant pour arriver dans la brutalité du monde. Le sujet serait donc toute sa vie dans la tentative d'une recréation de cet espace idyllique qu'était le ventre de sa mère.

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La libération des pratiques

De nos jours, les pratiques autour du bondage sont de plus en plus faciles d'accès grâce à une dédiabolisation de ce type de relations et de nombreux clubs ouvrent un peu partout.

Evidemment, les mêmes précautions sont de mises que dans n'importe quel lieu de rencontres, mais la plupart offre des espaces safes et bienveillants pour prendre du plaisir en toute liberté.

 
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